Allume la caméra, j’ai un truc à te dire

Production

Synopsis

Réalisé par une artiste plasticienne, ce documentaire part d’un constat : la parole des personnes handicapées nous parvient rarement de manière directe. Ce manque de visibilité les marginalise de fait. Ce sont des personnes que l’on n’écoute pas mais dont on entend parler.
Il s’agit alors, grâce au dispositif mis en place, d’ouvrir un espace de participation active permettant une “présentation directe” qui dépasserait les notions de handicap et de prise en charge institutionnelle.
Etre impliqué dans la mise en œuvre du scénario c’est avoir un rôle actif dans la présentation de son image, la possibilité de se mettre en scène et de ne pas se laisser filmer. Il s’agit, pour chaque personnage, non pas de trouver sa place, mais de la prendre. Autodéterminés personnages principaux, nous suivons ainsi, au cours de ce documentaire, le point de vue de quatre adolescents et leur évolution durant les deux années qu’aura duré le tournage.

Note d’intention

Comment rompre avec les représentations habituelles que l’on reçoit et que l’on se fait à l’égard de personnes en souffrance psychique, de quelle manière créer des situations susceptibles de provoquer une écoute là où elle fait défaut, de mettre le spectateur en situation de perception constructive, lui permettant ainsi de bâtir ses propres représentations ?
Comment, d’une part, donner envie de découvrir ces personnes-là, avoir envie de les rencontrer, de leur parler, de les écouter et d’autre part de répondre à l’envie, le besoin, la nécessité pour ces personnes “handicapées” d’interagir avec la société, d’avoir leur mot à dire, d’y prendre une place ?
Avec le parti-pris de pouvoir aborder autre chose que la question du handicap, il s’agit, à travers ce documentaire, de (re)considérer la « personne » ; de s’intéresser à sa qualité citoyenne plutôt qu’à son seul statut de « malade mental ». De s’attacher à tous ce qui nous fonde, en tant qu’êtres humains, et qui fait que la différence devient une richesse.

Donner la parole à des personnes handicapées de manière directe c’est leur permettre de ne plus être “re-présentées” mais de “se formuler », de mettre en forme sa vie comme possibilité d’existence.
Construire un projet qui permette en même temps de se dévoiler, de parler de soi et donc d’avancer, tout en donnant une valeur et une visibilité à cette parole vis-à-vis de l’extérieur.
Les écouter parler de sujets qui nous touchent tous, c’est se rendre compte que ces personnes ne sont pas étrangères à la société et à ses fonctionnements ; mais sont en interaction avec elle, ancrées en elle, ayant de fait un rôle à y jouer. Ce positionnement permet d’amener chacun à porter un nouveau regard sur ces personnes, plus confiant, plus ouvert parce que plus instruit.
L’art, en tant que moyen de communication et de relation répond de ces nouvelles manières d’être ensemble, formes à inventer et réinventer.

Que deviennent-ils ?

Edouard
« Je n’ai finalement pas été admis à l’ESAT (Etablissement et service d’aide par le travail) de la Banque de France car ils m’ont dit que j’étais trop jeune. Après ça j’ai fait plusieurs stages en ESAT. Je suis admis depuis avril 2013 à l’ESAT Jean-Claude Bonnet où je fais de l’informatique pour les entreprises. Je suis très heureux et je m’entends bien avec tout le monde. Je suis toujours passionné par la politique, l’histoire, la géographie, la théologie et la philosophie et j’ai commencé aussi à m’intéresser à la sociologie parce que ça nous concerne tous les jours. »

Brahima
« J’ai fait l’atelier vidéo avec Julie, j’ai aimé filmer, poser des questions aux gens avec la caméra. Ensuite j’ai aimé faire le documentaire et le regarder après. Maintenant je suis dans un Centre d’Activité de Jour (CAJ), ça se passe très bien. Je suis en train de construire mon projet d’avenir : l’année prochaine je vais commencer à faire des stages dans des ESAT (Etablissement et service d’aide par le travail). Pour l’instant j’en cherche sur internet et je vais les visiter. »

Olivia
Maintenant je vis dans un foyer. La journée je suis à l’ESAT où je mets des bonbons en sachet. On fait des bracelets de moustique qu’on met dans les pots et on met la notice. Je me sens bien, j’ai beaucoup mûri depuis que je suis partie de l’EMPro, le travail m’a beaucoup changé. Plus tard j’aimerais bien m’occuper des bébés.

Brigitte Lavau
Je vais passer une bonne journée cette nuit (Éditions du Seuil, mars 2009) De Brigitte Lavau – Préface d’Henry Bauchau
« Brigitte Lavau est éducatrice spécialisée dans une institution pour adolescents autistes. Sans nier leur drame, elle pose ici un regard inédit sur eux et leur façon si singulière de concevoir le monde. Dans ce type d’établissement, l’équipe soignante ne doit pas répondre seulement aux angoisses des jeunes autistes mais aussi à celles de leurs familles. La bonne humeur est un moyen pour lutter contre le découragement, la routine, et pour faire face aux perpétuelles questions des adolescents ou à leurs réactions imprévisibles.
Grâce à son écriture vive, sa sincérité et son parti pris d’optimisme, Brigitte Lavau nous apprend à accepter un univers qui, le plus souvent, nous donne envie de fuir.»

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Fiche technique

Écriture et réalisation : Julie Athané
Sonorisation : Philippe Sibelle
Musique : Julien Limonne, Edition Mitiki / Le Miel de la Ruche
Production : MITIKI Productions
Année de production : 2013
Format : 53 minutes
Support HD

 

Avec la participation :

du Centre National de la Cinématographie
du Programme Jeunesse en Action
du Ministère de la Santé,
de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative
de La Région Rhône-Alpes
de La Ville de Lyon
En co-production avec LMTV